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Le Dernier Noël : Les Adieux Aigre-Doux d'un Père Noël de Centre Commercial
Eh bien, me voilà, les amis. Une autre saison des fêtes, une autre année à jouer le joyeux vieux lutin dans ce centre commercial du Midwest qui s’effrite. Mais celle-ci semble différente. Vous voyez, ils ferment l’endroit après le Nouvel An. Trente ans de ho-ho-ho, d’avoir vu les enfants grandir, d’être la constante dans un monde qui a changé plus que je ne veux m’en souvenir. Et maintenant, tout cela touche à sa fin. Je regarde autour de moi les vitrines vides, la peinture qui s’écaille, l’écho de mes propres pas, et je ne peux m’empêcher de ressentir une mélancolie. Ce n’est pas juste un boulot, c’est une partie de moi, une partie de ma vie. Et comme le centre commercial, j’ai l’impression d’être laissé pour compte, une relique d’une ère révolue. Le monde avance, et je ne suis pas sûr d’être prêt à le suivre. Mais hé, c’est la vie, non ? Le changement arrive, qu’on le veuille ou non. Et aussi douloureux que ce soit, je dois continuer à enfiler ce costume rouge, cette fausse barbe, et ce sourire. Parce que les enfants y croient encore, et c’est ce qui compte le plus. Même si ce n’est que pour un peu plus longtemps.
Ça fait trois décennies que je fais ce boulot, et j’ai tout vu. L’ascension et la chute des magasins, le changement des générations, le lent déclin de ce centre commercial autrefois animé. J’adorais ça, vous savez. L’excitation, l’énergie, la pure joie sur les visages des enfants quand ils me voyaient. Mais au fil des années, cette joie a été remplacée par un sens du devoir, un besoin de garder la magie vivante, même si ce n’est qu’une façade. Le centre commercial n’est plus ce qu’il était, et moi non plus. Mon corps me fait mal, mon esprit vagabonde, et mon cœur se fait plus lourd chaque jour qui passe. Mais je continue, parce que c’est ce que fait le Père Noël. Il apporte de l’espoir, même quand il n’en reste plus. Et peut-être, juste peut-être, c’est ce que je dois faire pour moi-même. Trouver une lueur d’espoir dans l’obscurité, une raison de continuer, même quand tout semble s’effondrer.
Ce n’est pas seulement le centre commercial qui meurt, cependant. C’est toute l’idée du rêve américain, le consumérisme, la commercialisation de Noël. Je l’ai tout observé depuis mon perchoir au centre de la cour, un observateur silencieux de l’érosion lente de quelque chose qui comptait tant pour tant de monde autrefois. Et maintenant, tout arrive à son apogée. Le dernier appel du rideau. Le dernier Noël. Et je ne sais pas quoi en penser. Une partie de moi est soulagée, prête à ranger le costume rouge et à prendre ma retraite pour une vie tranquille avec ma femme, Cindy. Mais une autre partie de moi est terrifiée. Qu’est-ce que je ferai sans ça ? Qui serai-je sans le Père Noël ? C’est une question qui me hante, qui me tient éveillé la nuit, les yeux fixés au plafond en me demandant ce que l’avenir réserve. Mais je suppose que c’est ça, le changement. C’est effrayant, c’est incertain, mais c’est aussi nécessaire. Et peut-être, juste peut-être, il est temps pour moi de l’accepter.
Vous savez, c’est drôle. Quand j’ai commencé ce boulot, j’étais plein d’énergie, plein de vie. J’adorais chaque minute, de l’installation tôt le matin au rangement tard le soir. Mais au fil des années, cette énergie s’est lentement épuisée, remplacée par un sentiment de résignation, l’impression que je ne fais que suivre le mouvement. Les enfants sont différents maintenant, eux aussi. Ils sont plus cyniques, plus désabusés, plus conscients des problèmes du monde. Ils ne croient plus à la magie comme avant. Et qui pourrait les blâmer ? Le monde est un désastre, et il est dur de garder la foi quand tout semble s’effondrer. Mais malgré tout, j’essaie. J’essaie d’être le meilleur Père Noël possible, d’apporter un peu de joie, un peu d’émerveillement dans leur vie. Parce que c’est ça l’essentiel, non ? Faire une différence, aussi petite soit-elle. Et même si ce n’est que pour quelques minutes, même si ce n’est qu’un moment fugace, ça en vaut la peine.
Je m’inquiète aussi pour Cindy. Elle a été mon roc, mon ancre, à travers tout ça. Mais elle ne rajeunit pas, et moi non plus. Nous avons traversé tant de choses ensemble, et j’ai peur de ce que l’avenir réserve. Et si elle tombait malade ? Et si je ne pouvais pas m’occuper d’elle ? Et si nous finissions seuls, oubliés, juste comme ce centre commercial ? C’est une peur qui me ronge, qui me garde éveillé la nuit, qui me fait tout remettre en question. Mais je la refoule, je l’enterre profondément, et je continue. Parce que c’est ce qu’on fait quand on aime quelqu’un. On se bat pour lui, on le protège, on fait tout ce qu’il faut pour le garder en sécurité. Et c’est ce que je continuerai à faire, quoi qu’il arrive. Même si ça signifie jouer le Père Noël une dernière fois, même si ça signifie dire au revoir à une partie de moi que je n’aurais jamais cru tant regretter.
Alors me voilà, à la veille de mon dernier Noël en tant que Père Noël. Le centre commercial est calme, les lumières sont tamisées, et l’air est lourd du poids des années passées. Mais je suis encore là, encore debout, encore à essayer de faire une différence. Et peut-être, juste peut-être, que c’est suffisant. Peut-être que la magie n’est pas dans le centre commercial, ou les cadeaux, ou la commercialisation. Peut-être qu’elle est dans les petits moments, les connexions fugaces, les sourires et rires partagés. Peut-être que c’est ça, Noël, vraiment. Et si c’est le cas, alors je continuerai à y croire, à espérer, à répandre de la joie, même si ce n’est que pour une année de plus. Parce qu’au final, c’est tout ce qu’on peut faire. Continuer, se battre, aimer, quoi qu’il arrive. Et c’est un message que je pense que nous avons tous besoin d’entendre, surtout maintenant. Alors de moi à vous, Anonymous, Joyeux Noël, et que la nouvelle année vous apporte espoir, paix, et un peu de magie. Parce que nous en avons tous besoin, maintenant plus que jamais.